Je suis une Amazone

Au delà d’une histoire… l’histoire de KAMA

(Pour les 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes)

C’est l’histoire d’une femme comme plusieurs femmes africaines issues de l’immigration qui vouait un réel culte à ses cheveux.
Elle les coiffait en rajoutait des rallonges ou mettait un foulard digne d’une couronne pour exprimer sa fierté de porter la plus belle couronne.
Expression de féminitude, de fierté, de beauté et de bien-être.
 
Si l’on voulait savoir qu’elle allait bien, on avait juste à lever les yeux vers sa tête et pouvoir sourire à la vie, comme le faisait chaque mèche de ses cheveux, et chaque arrangement de son foulard.
 
Une femme africaine noire particulièrement, voue une réelle dévotion à sa coiffure.
Et ça en devient la libre expression culturelle de ce message qui dit simplement : je suis heureuse, je suis en vie, i believe!
 
Un jour KAMA, la fille du Soleil, la fille venue de cette contrée lointaine de la terre Afrique, ne donnait plus de soins à sa couronne, à ces cheveux.
Elle trouva même l’excuse que le rude hiver québécois lui avait cassé les cheveux et elle prévoyait même les raser.
Quelle aberration, se raser la tête! Se raser ses cheveux comme si le deuil avait frappé à sa porte. Et pas n’importe quel deuil, celui du papa ou de la maman. Voilà ce qui pourrait expliquer le rasage de cheveux pour une femme africaine Noire dans plusieurs cultures.
 
KAMA n’aimait plus sa couronne; ni ses vrais cheveux qui nous invitait à vouloir y mettre la main dans ce tas en sorte de parfaite boule disco foncée, ni sa coiffure ornée de rallonges qui lui donnait une allure de lionne encore moins son magnifique foulard qui lui conférait des allures de reine en pleine possession de son pouvoir féminin. Elle n’aimait plus sa tête, elle évitait le miroir, sa fierté et son estime d’elle dans cette partie d’elle qui la définissait prenait tranquillement le bord. Et KAMA se perdait avec.
 
La vraie raison de ce désir de deuil inavoué était que KAMA vivait dans son ménage cette chose horrible qui la faisait taire, l’effrayait et lui faisait perdre, une mèche de cheveux à la fois, son estime de soi et pire son amour d’elle-même.
 
Celui qui était sa seule famille dans ce pays d’immigration défigurait les liens amoureux et familiaux; il lui faisait vivre cette horreur. Il avait installé au cœur de leur belle histoire d’amour un champ de guerre froide et menée à la perfection de l’obscurantisme.
Une sorte de longue nuit  cauchemardesque qui minait la lumière de cette famille.
 
Le mari de KAMA, l’homme qui partageait sa vie depuis plus d’une décennie, utilisait cette chose impensable, horrible et destructrice appelée violence conjugale pour soumettre son épouse.(…)
 
KAMA ignorait le nom de ce fléau mais elle savait le décrire malgré la honte, l’incompréhension et la peur que cela installait dans son être.
Elle savait le décrire mais paradoxalement croyait non seulement qu’elle le méritait et pire qu’elle devait l’endurer.
 
Elle croyait le mériter parce que son estime de soi se dissipait à un point qu’elle n’existait plus ni comme l’égale de son mari ni comme son complémentaire pire ni comme une humaine (…)
 
Violence systémique 
violence économique 
Violence psychologique 
Violence Culturelle
Violence raciale
… elle en a des sortes cette chose horrible.(…)
Et le conjoint de KAMA en avait le tour avec chacune de ces violences.(…)
 
KAMA ne s’aimait plus, elle avait perdu son pouvoir féminin, elle subissait de la violence conjugale.
 
Elle endurait parce que dans son éducation axée sur la religion et la loyauté aux ancêtres, elle devait rester dans son mariage pour son honneur, pour celui de ses enfants et ainsi garder la famille et alliées unies. Et éviter la critique  de la grande famille et du reste de la communauté qui pourraient voir son geste comme une offense à la culture, une entorse à la loyauté ancestrale, et même un péché mortel.
 
KAMA, dépérissait à vue d’œil, elle avait perdu son légendaire sourire, laissa sa couronne aux abois au point d’en devenir anémiée, terne et la tête perdue dans ce désordre. Sa chevelure foncée faisait place à des idées de plus en plus sombres(…)
 
Une africaine a ses racines au cœur de la mère Afrique. Ses cheveux ne s’allongent pas au premier sens du terme mais ils trouvent cette magnifique façon de se mouvoir comme une œuvre d’art entre l’Afrique et le monde. Ils savent même jongler avec l’hiver. Ils savent s’épanouir avec Le Soleil d’été 
. Ils savent même prendre les couleurs de l’automne et au printemps se prêter à des soins et bains d’huile les plus hydratants et nourrissant. 
Une femme africaine à la capacité de coiffer ses cheveux de mille et une façon. Ses cheveux sont une matière à confection d’œuvres d’art magnifiques. L’histoire des coiffures, des tresses et des foulards d’africaines les devance depuis la nuit des temps. Une histoire qui parle de beauté extérieure mais bien au delà, elle raconte tout. Elle raconte même la violence conjugale.
 
Regarde-toi KAMA, il est temps d’ajuster ta couronne.
Chères amies de KAMA, il est temps de vous ajuster les couronnes les unes des autres. Et si la couronne d’une d’entre vous présente des signes de violence conjugale, il est temps de l’aider à la réparer sans dire au monde entier qu’elle avait une fissure majeure.
 
Ouvrons nos sens pour dire non à la violence conjugale et toutes les autres violences faites aux femmes et particulièrement aux femmes immigrées et racisées.
 
Avec nos sens,
Ouvrons la voix, parlons-en.
Allumons les phares du regard, soyons vigilantes aucune n’est à l’abri.
Ressentons l’énergie autour pour flairer sa présence et prévenir les nôtres 
Écoutons les signes avant coureurs car elle peut s’inviter au cœur de la plus belle histoire d’amour.
Même si nous y avons goutté à cette mixture d’horreur, sachons que la vie demeure un pire délice à partager et à consommer avec un plaisir renouvelé 
Osons mettre le doigt sur la plaie de la violence, oui elle fait terriblement mal mais on peut la guérir…C’est possible de s’en sortir! Et de bien s’en sortir !
 
Pour toutes les KAMA … Osons!
 
Ta sœur l’Amazone

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